vendredi 2 mai 2008

COMMENTAIRE DES PRINCIPALES FÊTES CONGOLAISES

COMMENTAIRE DES PRINCIPALES FÊTES CONGOLAISES

Les dates

Les malheureux événements

1er janvier

Une mauvaise année en perspective, encore pire que la précédente. À fêter dans la douleur et dans la consternation.

4 janvier

Des tas de mecs et de meufs ont crevé au nom de l'indépendance de ce bled de cons. Est-ce que ça valait vraiment la peine, du moment que ladite indépendance n'a jamais eu lieu, à vrai dire ?

16 janvier

Laurent Désiré Kabila, père supposé de l'auteur des cinq chantiers, est assassiné. Motif : il disait un peu trop haut ce que les néocolonialistes occidentaux aiment qu'on dise tout bas...

17 janvier

Lumumba, pour les mêmes raisons que Laurent Désiré, passa de l'autre côté de manière on ne peut mieux brutale et peu enviable...

14 février

C'est l'occasion rêvée pour forniquer, engrosser et contracter le VIH. C'est également l'occasion idéale de tromper son partenaire soit par des promesses soit par des baises extraconjugales. On devrait dire Sein-Valentin !

8 mars

Journée spéciale pour la femme RDcienne qui se rappelle les innombrables fois qu'elle fait commerce de la chair, qu'elle sert de sac de box à son mari et qu'elle se fait sauter malgré elle dans les conflits armés... Et ni les (im)politiques ni elle-même ne semblent s'activer réellement pour changer ce triste état de choses.

1er avril

Le politicien raconte que les choses vont beaucoup mieux qu'il y a quinze ans en RDC. Et il se trouve des gens assez retors pour les croire...

30 avril

C'est la journée du non-paiement du corps enseignant à travers laquelle l'accord de Mbudi et l'année blanche académique planent comme une épée de Damoclès. C'est aussi la journée de la dégradation profonde du système éducationnel et de la promotion massive des antivaleurs.

1er mai

Journée congolaise du chômage, de la précarité et de la misère sociale. En somme, le parfait irrespect du chantier « emplois » cher au Chef de l'Étatoïde congolais.

16 mai

Laurent Désiré Kabila nous libère de la dictature mobutienne pour la remplacer par la sienne et instaure un climat de guerre, d'abord à l'Est du patelin, ensuite un peu partout... À fêter dans la méditation et sans aller défiler...

30 juin

Indépendance fictive de la RDC. Les néocolons et même des culs terreux comme les Libanais et les Indiens nous sodomisent (pardon ! Nous dominent, allais-je dire...). Les richesses (immensissimes) ainsi que les individus sont exploités et la chose a empiré depuis quarante-huit ans.

1er août

On a du mal à parler de Fête des Parents ici : parfois, on ne sait plus qui fait la loi dans le ménage, avec des gosses supra-insolents, surtout quand c'est eux qui amènent la thune à la piaule...

25 décembre

Naissance de l'Enfant Jésus, et renouvellement des mauvais coups fort condamnables des politiciens pour la nouvelle année qui s'annonce.

jeudi 1 mai 2008

Les cinq chantiers quinze mois plus tard

Les cinq chantiers quinze mois plus tard

Je propose au Licencié en Théologie le sujet suivant, qu'il peut traiter à sa guise : « Des antichambres de l'Enfer dans ce monde. Cas de la RDC ». En effet, à la manière du lac Averne en Italie qui passait à l'Antiquité pour un passage de choix vers l'Hadès, il y a de quoi se poser des questions sur le patelin Congo. Le centre de l'Afrique ressemble à un QG d'une base ésotérique dont les généraux sont des entités démoniaques et les lieutenants les gens pouvoir. Bien entendu, la soldatesque est formée du citoyen lambda qui obéit mécaniquement à quelques plans mystiques dont la teneur n'est connue que de certains initiés.

Cette vision catastrophico-défaitiste traduit presque à la perfection le climat qui sévit dans le bled Congo. Un slogan martelé à longueur de journée et de soirée, objet de tout un beau site Internet, hante les ondes radiophoniques et télévisuelles : les cinq chantiers. Paraît que c'est l'idée au chef de l'État... ça fait depuis la campagne présidentielle que Jojo nous promet une vie de rêve et ce, en seulement cinq ans de réalisation ! Nous voilà à un an et trois mois de règne et les choses n'ont pas bougé d'un iota en positif. En revanche, quand on examine ce qui a changé en négatif, il y a vraiment du remue-ménage, un peu comme... dans un chantier ! Sauf que dans le purin congolais, l'heure n'est pas à la construction mais plutôt à une démolition à l'échelle nationale. Tenez :

Chantier numéro un : infrastructures

Ici, le chef de l'État a été malin : il a limité incroyablement la notion d'infrastructures en n'y incluant que les routes, les ponts et les rails, excluant de facto la réhabilitation des bâtiments et des équipements de base de l'Administration publique (hormis du secteur de l'enseignement et de la santé, comme on va le voir). Soit...

Je serais curieux de savoir quels rails l'État fictif congolais a réhabilités ou posés. Par ailleurs, je me demande bien quel pont ou route d'importance nationale a vu le jour. J'admets sans problème qu'on entretient en ce moment certaines « nationales ». À pas de tortue, il est vrai, mais c'est mieux que rien... Je crie cependant tout haut que la dégradation du secteur routier prend une ampleur jamais vue dans le patelin. Les denrées alimentaires se putréfient là où même elles sont produites et les hommes moisissent comme de vieux croûtons de pain abandonnés au fin fond d'un placard humide. À défaut de posséder des ailes comme un oiseau ou de voler sans ailes comme Superman ou comme le sorcier en chef de mon quartier, seuls les avions assurent encore le transport de marchandises et des personnes entre points éloignés de la RDC. Les rares baleinières privées ou celles de l'ONATRA essaient également de tourner tant bien que mal, mais apparemment, les airs et les eaux ne sont pas trop des prérogatives du premier chantier... Ainsi si un Antonov de l'époque de Moïse tombe à pic et prend feu ou si quelque bateau spongieux coule comme une pierre, c'est pas grave : ça fait pas partie des priorités du chef de l'État !

Quant à la grève des camionneurs et des taximen qui frappe de plein fouet Kinshasa et certaines autres villes du coin, je doute que le gouvernement en tienne sérieusement compte, du moment que le transport en commun et les hydrocarbures échappent superbement la définition restrictive du mot « infrastructures » telle que donnée par le chef de l'État.

Chantier numéro deux : emplois

Les choses n'on pas tellement changé en ce qui concerne les recrutements. Vous pouvez déposer de tonnes de lettres de demande d'emploi, si vous n'êtes pas protégé de la « pluie » du non-emploi par quelque « parapluie », le sort de vos demandes devient plus qu'incertain. Et une fois dans la boîte à votre oncle, n'espérez pas avoir une promo selon les règles de l'art. Il est de fortes chances que vous soyez soumis à des conditions qui ne manqueront pas d'ébranler vos principes chrétiens les plus fondamentaux. Au choix où à tour de rôle, il vous sera proposé toute une gamme de pratiques soit ténébreuses soit sexuelles à observer.

Par ailleurs, une fois devenu fonctionnaire ou confirmé dans une société privée, le salaire que vous percerez dénotera une exploitation outrancière de l'homme par l'homme. Que ce salaire soit scandaleusement bas ou qu'il donne des apparences de bien-être, il ne sera que très rarement le fruit mérité des efforts que vous aurez eu à fournir.

Les chômeurs ne cessent de s'amonceler et je peine à voir une once de réalisation de ce deuxième chantier. État créateur d'emplois ? Mon cul, ouais !

Chantier numéro trois : éducation

Lorsqu'on s'aperçoit de l'infime portion du budget (déjà en lui-même lilliputien) allouée à l'enseignement et à la recherche, on peut légitimement se demander si la présidence de la RDC faisait une boutade ou prend véritablement ses concitoyens pour des crétins, en érigeant en « chantier » ces secteurs cruciaux du développement. À juste titre, les profs du secondaire réclament le respect du fameux barème mbudique ; ceux des universités et instituts supérieurs désirent encore plus : obtenir un salaire proche de celui du Député National, entendez par là environ 4 000 $ ! Réaliser pareil exploit (car c'en est un pour notre Gouvernement aboulique) n'est pas à l'ordre du jour. Vu les frais disponibles, autant résoudre la quadrature du cercle ou prouver que la Terre est plate avec un centre creux !

Au demeurant, soyez surs de ceci, chers internautes : durant ce mandat de calvaire de cinq ans, les grèves des enseignants seront aussi communes que les coupures d'électricité dans la capitale de ce trou à vipères qu'est le Congo Démo(n)cratique. Et tout justement, parlons-en, des privations de courant et d'eau...

Chantier numéro quatre : eau et électricité

Mopreso de la République devrait la fermer quant à ce point. On a l'impression que depuis qu'il a osé évoquer l'eau et la fée électrique, la dégénérescence de ces besoins vitaux s'est accélérée à un rythme démentiel. La REGIDESO, ce vampire, tente de maintenir la fourniture en eau dans les conditions médiocres que vous savez. Elle prétend que cela est dû au manque de moyens lui donnés par le presque État congolais. Nous lui accordons ce mensonge, car il n'est pas trop gros et on n'est que trop habituée à la non-vérité dans ce patelin de timbrés.

Mais quand c'est le zombie SNEL qui nous narre sans sourciller que les thunes lui manquent, ça, on ne peut accepter ! Qui donc baise-t-on dans ce bled de cancres ? Où s'éclipse l'argent des factures nationales et internationales ? Qui a détourné plus de 30 millions de dollars ? Kin-la-Poubelle connaît des délestages quasi-quotidiens. Inga, semble-t-il, s'essouffle. Outre les rares turbines fonctionnelles posant problème, certains transformateurs et lignes à haute tension sont dans un état fort inquiétant qui n'augure rien de plaisant. La coupure électrique spectaculaire d'il y a trois semaines, un certain jeudi, n'est peut-être pas la dernière. Et ses séquelles perdurent, vu que depuis ce malheureux incident, plusieurs quartiers de la ville sont victimes d'un courant plus que parcimonieux.

Je passe sous silence les prouesses géniales de la SNEL à l'intérieur du bled congolais. Où les seuls effets visibles de l'énergie électrique que les habitants ont déjà vus et sentis sont la foudre et, parfois, le son sortant des baffles d'une radio à piles. Ceux qui profitent de cette sinistre situation, hormis les voleurs connus du patelin fièrement représentés au Parlement et au Gouvernement, sont les vendeurs de pétrole et de groupes électrogènes…

Chantier numéro cinq : La santé

Il ne suffit guère de réhabiliter ou de construire deux ou trois dispensaires pour prétendre réaliser un objectif national. Même si on aime à dire que les petits ruisseaux font des grandes rivières, je trouve honteux qu'il se balance, au journal de 20 h, à RTNC, toutes infimes réalisations gouvernementales. Offrir un lot de seringues ou de compresses à un centre hospitalier en pleine brousse du Maniema n'est pas une affaire d'État à diffuser à la Chaîne Nationale, captée dans tous les pays limitrophes grâce au satellite.

Et ne me parlez surtout pas de l'hôpital DIKEMBE MUTOMBO qui, comme son nom le laisse deviner, était construit aux frais du basketteur, le soi-disant État congolais n'ayant contribué qu'en termes d'autorisation...

Par ailleurs, les incessantes grèves au sein du corps médical ne sont pas le produit des combinaisons aléatoires, mais bien le résultat d'une grogne sociale. Entre-temps, grippe, choléra, malaria et autre typhoïde charmante ruinent de plus belle le quotidien de ce patelin. Les cimetières eux-mêmes sont prêts à faire grève, tellement ils en ont marre d'accueillir des corps six pieds sous terre.

Là encore, Jojo nous mène en bateau et se fout de nous comme de son premier slip.

Quid de la sécurité et de la justice ?

Il s'avère extrêmement surprenant que l'Armée, pourtant un créneau phare dans la bonne marche des institutions, ait été écartée des chantiers du chef de l'État. Vraisemblablement pour le Gouvernement, les troubles à l'Est ne sont pas une priorité. Il en est de même de la spoliation de vastes pans de terre à Kahemba par les troupes angolaises : ce sont de faits tout à fait normaux dont nul ne peut s'émouvoir outre mesure... pareil pour les tueries scabreuses au Bas-Congo : ça compte pour du beurre.

Concernant la justice de cette république arboricole, du moment qu'elle est absente, Jojo et son équipe ont jugé bon de ne pas trop s'y attarder. Cependant, juste dans un but purement distractif, il a viré les hauts magistrats d'une manière anticonstitutionnelle dont je parlerai un de ces quatre, si Dieu me prête vie. C'est bien que des gars corrompus jusqu'au trognon comme le PGR soit mis à la retraite (il méritait pire que ça, et de loin). Mais alors les nouveaux installés ? Ne seront-ils pas à la solde du régime en place qui les a nommés et à qui ils doivent tout ? Affaire à suivre…